Au fil d'une promenade à Paris ... Eugénie...
J'ai pris l'habitude de me
promener à Paris avec mon appareil dans mon sac. Je
photographie à la fois mes lieux habituels et mes
découvertes...
Dimanche dernier, nous sommes devant l'opéra
Garnier ; le ciel est clair, pas pour longtemps, une
giboulée se prépare, avec bourrasques, grêle ...
L'avenue est presque déserte, les touristes sont encore
rares.
Aprés un café et un muffin au starbucks du boulevard de
Capucines (admirez son cadre, ses plafonds, on a
gardé dans cet immeuble le décor authentique de l'hôtel particulier
qu'il était au XIXeme siècle) nous descendons la rue de la
Paix. Un coup d'oeil au Café de la Paix, au Ritz, une
pensée nostalgique pour Marcel Proust. Je garde le nez en
l'air, à l'affût des plaques posées sur les murs pour rappeler le
passage d'illustres résidents ou visiteurs.
Je ne serai pas
déçue. A l'entrée somptueuse d'un hôtel très chic donnant
sur les Tuileries, je rencontre l'impératrice Eugénie.
Nous
sommes au début du XXeme siècle. A la fin de sa longue vie, aprés les
triomphes, un règne étourdissant, puis la chute et la douleur de
l'exil, Eugénie parfois, en simple visiteuse solitaire et anonyme revient
sur les lieux où elle a vécu impératrice, épouse et
mère. Elle loge dans une suite - une chambre et deux salons au
premier étage - à l'hôtel Continental. De sa fenêtre, elle contemple le
jardin des Tuileries, le palais détruit par le feu, ces lieux emplis
du souvenir de bonheurs perdus.
"Rien ne me fait plus rien. Je suis morte depuis longtemps et je ne vis qu'avec des ombres.
De tristes souvenirs font peser sur cette nature que j'adore une lourde
hypothèque, mais tout compte fait, la douleur l'emporte sur l'amertume.
Les souvenirs fâcheux, après quelques instants, font place à
l'évocation d'heures splendides et douces ; je ne peux pas vous
expliquer comment cette opération se produit, mais lorsque je me trouve
devant le paysage, tout ce qui pourrait m'en écarter s'efface
littéralement, je n'ai plus en face de moi que les spectacles qui
m'enchantent ou qui me rendent la vie. Évidemment, je ne peux oublier à
certains moments que les jardins où chaque matin je me promenais ont
été envahis par une foule hurlante en septembre 1870, mais c'est là
aussi que mon "cher Loulou" promenait son enfance ardente,
dans ce parc plein de roses et de violettes, ses fleurs préférées."
"Parfois,
le passé la rattrape, l'émotion la submerge. Alors elle sort,
traverse la rue de Rivoli et erre parmi les arbres et les parterres en
quête des lieux où le prince s'est promené, où il a joué, où il a
appris la vie. Ce quartier lui tient "à la peau de l'âme".
Elle se penche, cueille une fleur, et se fait interpeller par le
gardien :
"Votre nom ?
- Eugénie.
- C'est pas un nom, ça !"
Les Tuileries sous Napoleon III
"Loulou", le prince impérial, né en 1856, il s'engage dans l'armée britanique et meurt chez les zoulous
en 1879.
Sources : Jean Autin, L'Impératrice Eugénie ou l'empire d'une femme, Fayard 1990